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"Āyurveda, science de la vie"

"Āyurveda, science de la vie"


Conférence donnée par Jaya Yogācārya en cours de méditation le vendredi 15 juin 2018 lors du reportage télévisé de France Outremer au Centre Jaya de Yoga Vedanta de l’Ile de la Réunion


L’ Āyurveda आयुर्वॆद est la médecine traditionnelle de l’Inde pratiquée dans de nombreuses régions du monde. Très présente en Asie du Sud, elle est reconnue par l’Organisation mondiale de la santé comme une médecine à part entière. En Occident, elle est plutôt considérée comme une médecine naturelle et alternative. Des critiques de cette médecine existent cependant en ce qui concerne notamment l’utilisation des métaux lourds tels que le plomb, le mercure ou l’arsenic. C’est oublier les concepts métaphysiques et énergétiques qui lui sont liés. "Ce qui est bon pour l’un, ne l’est pas pour l’autre". "Ce qui est un poison pour l’un peut être un nectar pour l’autre". Selon ce principe, une utilisation intelligente est pratiquée à doses infinitésimales tenant compte d’un processus où les métaux doivent être soumis aux procédés traditionnels de purifications et pris aux doses préconisées.

L’Āyurveda, ( āyur : vie, veda : connaissance) permet d’aborder l’homme dans sa totalité, comprenant ses dimensions physique, mentale, énergétique, psychique et spirituelle.

C’est donc une médecine holistique.
Médecine issue des Veda वेद, textes millénaires remontant à 1500 ans av J.C,
elle mit dès le départ en évidence l’étroite relation ente le corps et l’esprit, alors que la recherche des effets du psychisme sur l’organisme en occident ne remonte qu’à deux siècles.
Les Veda étant des Śruti श्रुति, des textes révélés, cela donne à cette médecine son caractère sacré.

A l’origine, les principes de guérison exposés dans l’Atharva-Veda अथर्ववेद reposaient essentiellement sur le son ou la parole. Les hymnes étaient alors des moyens de guérison et leur simple récitation avait, selon le texte, le pouvoir de soigner toute chose. Les médicaments, tels qu’on les connaît aujourd’hui, n’étaient pas encore développés.

La littérature ayurvédique se divise en six Samhita संहिता (« traités » ou « collections »), qui prennent chacun le nom de leur auteur. Les trois premiers, dont les auteurs sont Caraka चरक et Suśruta सुश्रुत et Vāgbhata वाग्भट, sont les plus importants et forment la Bṛhattrayī, « les trois textes majeurs » de l’ āyurveda.

Caraka चरक et Suśruta सुश्रुत furent les compilateurs les plus importants de cette connaissance.

Caraka s’occupa de la prévention des maladies, de la théorie des humeurs (doṣa दोष), de la physiologie et du traitement. VII°S Av J.C
Son postulat : « La perte de confiance en sa propre nature divine entraîne la maladie ».
Cette connaissance fut condensée dans le traité médical « la Carakasaṃhitā »चरक संहि, considéré comme un des textes fondateurs de l’Āyurveda.

Suśruta quant à lui, s’occupa de l’anatomie, des points énergétiques que sont les Marma मर्म mais aussi de la chirurgie. C’est dans la Suśruta Saṃhitā सुश्रुतसंहिता environ IV°S av JC, que sont déjà décrits plus de 300 procédures et 120 instruments chirurgicaux.

La Vagbhatta Samhita वाग्भट संहि enfin, est considérée comme une présentation organisée et structurée de la connaissance présentée dans la Carakasaṃhitā et la Suśruta Saṃhitā. Ce résumé simplifié des deux premières compilations est encore utilisé aujourd’hui dans de nombreuses universités indiennes.

Ces traités ont été connus très tôt en chine, ont été traduits en arabe, ont fait leur chemin en Europe, en Italie, en Sicile. Ce système est ensuite un peu tombé en désuétude avec les invasions musulmanes au nord de l’Inde à partir du VIII°S mais parallèlement l’āyurveda est apparue en Europe à la Renaissance. Avec les différences colonisations européennes, surtout anglaises, l’ āyurveda a subi de nombreuses pressions, voire fut interdite. C’est sous l’influence du Mahatma Gandhi महात्मा गांधी, que l’āyurveda a de nouveau été reconnue.
Cependant, c’est bien sa nature peu onéreuse, son accessibilité qui lui ont permis de perdurer en tant que médecine du peuple et ont permis de la sauvegarder dans les régions traditionnelles du sud-ouest de l’Inde.

Le but de l’āyurveda dans son contexte d’origine était de soulager la misère et la souffrance humaine d’une part, et d’autre part, de préserver la santé de la population afin de l’aider à atteindre les quatre principes de la vie selon les lois de Manu :

-Dharma धर्म, le devoir. Il consiste à faire des actions justes, droites et vertueuses pour le bien-être de l’individu autant que pour celui de la société.

-Artha अर्थ, l’acquisition des biens matériels. Il est le principe d’acquisition de la richesse pour subvenir à ses besoins.

-Kāma काम, l’amour. L’amour permet de réaliser la satisfaction des désirs du monde et de ses passions.

-Mokṣa मोक्ष, la libération spirituelle. Principe qui permet d’atteindre le salut par la libération spirituelle et la conscience du Divin.

Chaque individu est capable d’atteindre ces quatre principaux objectifs de la vie humaine. Cela s’appelle le Puruṣārtha पुरुषार्थ.

Le fondement du monde est dans le Dharma. Ce n’est que lorsqu’on atteint le Dharma, l’Artha et Kāma, que l’on atteindra Mokṣa.

Si un individu atteint son Puruṣārtha, il atteindra āyu आयु, la connaissance de la vie.
La vie dépend de la santé individuelle et la santé peut être obtenue si l’on obéit aux lois naturelles.

Les principes de base de l’āyurveda est donc triple :

 le maintien de la santé,
 la guérison des maladies,
 la réalisation de soi.

Cette science de la vie nous invite, par l’observation des qualités de l’individu, tant
physiques, mentales qu’énergétiques, à prendre conscience des mécanismes et des facteurs qui préservent ou déséquilibrent sa santé.

L’āyurveda décrit l’être humain comme étant composé des cinq Tattva तत्त्व ou pañca mahā bhūta , les cinq éléments, des trois doṣa (les qualités de la Prakṛti प्रकृति, la constitution), des sept dhātu धातु (les tissus), des 22 ou 25 srota स्रोतस् (les canaux qui véhiculent les doṣa à travers tout l’organisme), et des 3 mala मल.

la Prakṛti repose sur les 3 doṣa (Vata Pitta Kapha) déterminés selon les 5 éléments suivants :

Les 5 Tattva
 ākāśa आकाश l’éther, pour l’unité et l’espace,
 vāyu lवायु l’air, pour le mouvement,
 agni अग्नि le feu, pour l’énergie,
 jala जल l’eau, pour l’attraction,
 pṛthivīI पृथिवी la terre, pour la nature solide.

Les 3 doṣa
 ākāśa et vāyu donneront le doṣa Vata
 agni donnera le doṣa Pitta
 jala et pṛthivī donneront le doṣa Kapha

Les 7 Dhātu
 Rasa रस (lymphe)
 Rakta रक्त (sang)
 Māṃsa मांस (muscle)
 Meda मेद (graisse)
 Asthi अस्थि (os)
 Majja मज्जा (moelle)
 Śukra शुक्र (ovule et sperme)

Les 3 mala
 mala मल (les selles)
 mūtra मूत्र (l’urine)
 sveda स्वेद (la sueur)

Les 22 ou 25 srota
les srota externes :
 les 9 portes du corps (2 yeux, 2 narines, 2 oreilles, bouche, anus et canal urinaire) pour l’homme, (12 portes pour la femme avec les deux seins et le vagin.)

les srota internes :
 les 3 canaux internes majeurs reconnus par la science médicale occidentale,
*ceux véhiculant l’air ( système respiratoire),
*ceux véhiculant les fluides (système circulatoire),
*ceux véhiculant les matières solides, nourriture (système digestif).
 les 7 Dhātu
 les 3 mala

Considérant l’individu comme un tout, étant libre de toute toxicité, mettant l’accent sur le préventif, l’āyurveda est un système de santé près de la nature.
Allant de pair avec le yoga, ayant des méthodes de diagnostics simples, l’āyurveda prend en considération les nombreux paramètres pouvant induire la disharmonie dans le corps : mode de vie, diète, lieu de vie, activité, force physique, saisons, pouvoir digestif, constitution dés la naissance, âge, force mentale, etc.

Il y a 12 caractéristiques de l’āyurveda

 Elle traite l’individu comme un tout.
 C’est une médecine libre de toute toxicité.
 Traitements pour la maladie comme pour la santé.
 Importance de la prévention.
 C’est une médecine économique.
 Elle est proche de la nature.
 Elle travaille avec le yoga.
 Elle tient compte du concept psychosomatique.
 Elle utilise des diagnostics simples- Rogi रोगी (patient) et Roga रोग (maladie).
 Elle possède une grande variété de médications.
 Elle accepte les autres médecines.
 Elle utilise les pañcakarma पञ्चकर्म (traitements).

Il y a donc 9 Principes de base

 Régime quotidien.
 Régime en fonction des saisons.
 Pharmacologie.
 Herbologie.
 Maladies.
 Traitements.
 Les diagnostics cliniques.
 Prévention pour la grossesse.
 l’attention pour l’enfant.

Ricin (Ricinus communis)

Il y a 8 Disciplines

 Kaya Chikitsa kāyacikitsā कायचिकित्सा médecine générale.
 Bala Chikitsa बाल चिकित्सा pédiatrie.
 Graha Chikitsa ग्रह चिकित्सा psychiatrie.
 Shalya Chikitsa शल्य चिकित्सा chirurgie.
 Agada Chikitsa अगद चिकित्सा toxicologie.
 Rasāyana Chikitsa रसायन चिकित्सा rajeunissement et gériatrie.
 Vajikarana Chikitsa वाजीकरण चिकित्सा aphrodisiaques et sexualité.
 Salakya Chikitsa शालाक्य चिकित्सा orl et ophtalmologie.

Vyādhī व्याधी est la maladie dans l’ Ayurveda.

Avant de déterminer les traitements adaptés à la maladie, l’āyurveda va analyser la pathologie selon des critères bien spécifiques, répartis le plus souvent en deux catégories.
Voici ci-dessous un tableau récapitulatif de cette analyse.

facteurs internes facteurs externes
Nija निज Āgantu आगन्तु
doṣa (Vata, Pitta, Kapha) en déséquilibre Kshata les accidents, les chutes, les fractures Bhanga, l’influence des éléments Bhuta, les étoiles, la lune, les forces négatives, les micro-organismes, les virus, les parasites, les poisons Visha, les cyclones Vayu, les noyades Apas, l’exposition au feu Agni, les radiations, l’électricité
Sharīrika Vyadhi शारीरिक Mānasika Vyadhi मानसिक
les causes et les racines de la maladie sont dans le corps les causes de la maladie
sont dans le mental
Problèmes mentaux (tristesse, peur, colère, gourmandise, luxure, etc.)
Svatantra Roga स्वतन्त्र Paratantra Roga परतन्त्र
maladie indépendante maladie dépendante
Cause propre, premiers symptômes, facteurs aggravants ou améliorants idem
Ādhyātmika Vyadhi आध्यात्मिक Ādhibhautika Vyadhi आधिभौतिक
déséquilibre des doṣa facteurs environnementaux
facteurs héréditaires (diabète, cholestérol, etc.), alimentation incorrecte et mode de vie de la femme enceinte, alimentation incorrecte et mode de vie de l’individu variations saisonnières, forces négatives, processus du vieillissement, les mauvaises actions,
les épidémies, les maladies karmiques

Le Pronostic de la Maladie

sādhya साध्य Asādhya असाध्य
maladie curable maladie incurable
susādhya सुसाध्य facilement curable yāpya याप्य contrôlable
Kruchra sādhya difficilement curable Anupakrama अनुपक्रम incurable

Maladie curable
si on a susādhya facilement curable ;
il y a aggravation d’un des doṣa, II y a peu de causes et de symptômes, la durée de la maladie est courte, il n’y a pas d’effets secondaires ou de complications, les organes vitaux ne sont pas impliqués, la maladie est dans une personne de constitution solide, le déséquilibre du doṣa est différent de la Prakṛti du patient (sa constitution), ou différent du Dathu affecté ou du lieu et de la saison.
Autrement dit, si on est Vata et qu’on a un problème de Vata, ce sera plus long à soigner.

Maladie curable
si on a Kruchra sādhya difficilement curable ;
la cause et les symptômes sont de force moyenne. Les facteurs sont semblables à la maladie, les complications et les effets secondaires sont moyennement sévères, il y a besoin de chirurgie ou la maladie est sur une vieille personne, une personne faible ou un enfant.

Maladie incurable
si on a yāpya, contrôlable ;
la maladie est difficilement curable mais contrôlable avec des médicaments, une diète et un mode de vie. De nombreux tissus sont affectés.

Maladie incurable
si on a Anupakrama, incurable ;
les 3 doṣa sont en déséquilibre, il y a des complications et des maladies secondaires sont présentes, la maladie est longue, le doṣa dominant est le même que celui de la constitution, des tissus affectés, du lieu et des saisons. Les organes vitaux sont affectés.

Les 4 piliers du traitement

 Bhiṣaj भिषज् le médecin.
 Dravya द्रव्य la médecine.
 Paricāraka परिचारक le garde malade ou l’infirmier.
 Rogī रोगी le patient.

ROGA MARGA, les trois chemins de la maladie

 Bāhya roga mārga बाह् रोग मार्ग le chemin externe.
Il concerne les maladies de peau, du sang et des autres tissus, le réseau veineux et nerveux superficiel.
 Madhya roga mārga मध्य रोग मार्ग le chemin du milieu.
Il concerne les articulations, le cœur, le foie, les poumons, les autres organes, les tendons, les ligaments, la paralysie, les fonctions des nerfs, les raideurs.
 Antar roga mārga अन्तर् रोग मार्ग le chemin interne.
Il concerne l’estomac, les intestins, le système nerveux profond, le cerveau.

Si les 3 chemins sont infectés, cela peut-être une maladie incurable.

Le Diagnostic en āyurveda
Il y a trois méthodes pour diagnostiquer une maladie ou le déséquilibre d’un doṣa chez une personne.

*Darśana parīkṣā दर्शन परीक्षा
est l’observation visuelle de l’apparence de la personne et des symptômes, la couleur de la peau, des cheveux, des yeux, les comportements, la condition physique du corps.

*Praśna parīkṣā प्रश्न परीक्षा
est obtenu par un questionnaire détaillé pour connaitre le degré de déséquilibre des doṣa.

*Sparśana parīkṣā स्पर्शन परीक्षा
est la prise du pouls (selon la pulsation des trois nadi), la palpation, la percussion des réflexes neurologiques ou de la sensibilité, l’auscultation de la langue.

On peut aussi diagnostiquer à partir de Huit ou dix étapes.

Aṣṭa Sthāna parīkṣā अष्ट स्थान परीक्षा क्षा les huit étapes,

  • Nāḍī नदी (observation du pouls (Nadi))
  • Jihvā́ जिह्वा (examination de la langue)
  • Malam मलम् (examination des selles)
  • Mūtram मूत्रम् (examination de l’ urine)
  • śabdam शब्दम् (examination de la voix)
  • sparśam स्पर्शम् (examination de la température du corps)
  • dṛkśām दृक्शाम् (examination des yeux)
  • ākṛtim आकृतिम् (examination du physique)

Dáśa vidhā parīkṣā दश विधा परी l’examination en dix étapes,

  • Dūshyam धौष्यम् (examination des 7 Dathu et des 3 doṣa, des 3 mala मल)
  • deśam देशम् (examination de l’environnement)
  • balam बलम् (examination de la force du malade et de la maladie - faible, moyen, fort)
  • kālam कालम् (examination de la saison)
  • Analam अनलम् (examination du feu digestif -faible, moyen, fort))
  • Prākṛtam प्राकृतम् (examination de la constitution du malade et de la maladie )
  • Vayasam वयस्म् ( examination de l’âge)
  • Satvam सत्वम् (examination de la force mentale -faible, moyen, fort) )
  • sātmyam सात्म्यम् (examination de l’adaptabilité -facteurs aggravants ou relevants)
  • āhāram आहारम् (examination du régime alimentaire)

exemple :
un lieu sec -> aggravation de Vata,
un lieu humide->aggravation de Kapha,
un lieu chaud -> aggravation de Pitta

Nous allons voir à présent comment s’articule le traitement ayurvédique.

Nous allons trouver 2 types de traitement.

Śamana Chikitsa शमन चिकित्सा Śodhana Chikitsa शोधन चिकित्सा
traitement moyen, palliatif traitement fort, curatif, désintoxiquant
médication, massages, diète, hygiène de vie, régulation des doṣa, concerne les personnes âgées, enfants, faibles, accidentées traitement pour éliminer si excès des doṣa pour personnes endurantes, on fera là les pañcakarma

Le traitement ayurvédique va donc s’articuler sur 2 étapes.
Le pūrvakarman et les pañcakarma , si c’est possible.

Le pūrvakarman पूर्वकर्मन् (pūrva karma signifie préparation, premier. Il est donné quand les doṣa sont aggravés dans le corps. Les doṣa aggravés vont se mettre à la place des autres doṣa et s’y solidifier. Le but va être de les liquéfier.

On fera donc
1) Snehakarma स्नेहकर्म (sneha huile, karma action)
Action qui va nourrir les canaux (srota) et amener les doṣa à leur emplacement.

  Oléation interne Snehapāna (boire, ingestion)

    • Achapana : utilisation de fortes doses (50 ml à 100 ml : maximum 150 à 200 sur 7 jours maximum ).
    • Vicaraṇa विचरण : utilisation de petites doses (enfants, personnes âgées, personnes faibles).

 Oléation externe

    • Abhyaṅga अभ्यङ्ग en non massage. Le corps est enduit entièrement d’huile. Cela peut être fait par soi-même ou par quelqu’un d’autre. Nous trouverons aussi le Shiroabhyaṅga (application d’huile sur la tête pour activer les 7 portes), le padabhyaṅga, l’huile sur les pieds. Les huiles utilisées sont en fonction des dosa.
      L’abhyaṅga est appliqué sur un patient qui va se mettre dans 7 positions, (assis, allongé sur le dos, côté gauche, côté droit, sur la face, allongé à nouveau sur le dos, et enfin assis). La durée varie de 5’ à 30’ ou plus selon la maladie. Le patient doit ensuite prendre ou non un bain chaud avec des herbes en fonction de la pathologie.
    • Autre procédé, le Gandūsha (l’huile dans la bouche ou autres jus ou mélange de ghee avec miel, menthe, pâte de sésame, lait, etc.)

2) Svedana karma स्वेदनकर्म (sveda sudation, transpiration), est l’action qui ouvre les canaux pour éliminer les toxines avant les pañcakarma.

 4 méthodes
avec l’aide du feu

  • Tapa Sveda तप स्वेद( principe de la fomentation qui est l’application locale et externe d’une médication chaude à des fins thérapeutiques, soit directement avec des feuilles, soit à la main, au tissu ou avec du métal).
  • Upanā sveda उपनाह स्वेद, les cataplasmes chauds.
  • ūṣmā sveda ऊष्मा स्वेद, la vapeur et les massages aux bolus bags.
    On trouvera donc le Bain de vapeur (Hamam).
    Les massages aux Bolus Bags.

Bolus Bags

Ce sont des petits sacs en toiles confectionnés à la main avec des préparations de plantes à l’intérieur et façonnés en boules denses qui vont être chauffés et tamponnés ensuite sur le corps.De nombreux soins porteront des noms se terminant en kizhi, nom du langage Malayalam, langage du Kerala de l’Inde du Sud et qui signifie cataplasme. Il est connu aussi sous le nom Pindasweda en sanskrit.
Nous allons trouver dans ce type de soins :

      • le massage au riz Njavara Kizhi, Njavara est le riz (Shashtika Shali) en Sanskrit.
      • le massage aux poudres si aggravation de Kapha et de Vata (Podikiẓi) Podi poudre en Malayalam, (cūrṇa ) चूर्ण en sanskrit.
      • le massage aux feuilles si aggravation de Vata Elakizhi,(elā एला plantes, ricin, morinda, calotropis, tijack, etc.
      • le massage des Marma मर्मन् (marma kizhi), les points énergétiques de l’āyurveda étant au nombre de 107.
        La 4° méthode de sudation enfin ;
  • Drava Sveda द्रव स्वेद dans laquelle on trouvera,
      • Le bain d’huile Pizhichil . Il consiste à laisser couler sur tout le corps et à la main, un filet d’huile chaude.
      • Le śirodharā शिरोधरा et ses variantes aux différentes huiles, avec ou sans lait, etc.
      • les Vasti वस्ति, (vasti signifie "ce qui retient", exemple, la vessie). Ce sont des techniques avec de la pâte, de l’huile et des plantes chaudes posées de façon particulière sur un endroit du corps, privilégiant les articulations.
      • (kadi vasti (le dos), gulpha vasti (le genou), greeva vasti (la nuque), shiro vasti, (le crâne), etc.
      • Karnapūranam (oléations des oreilles).
      • Tarpanan (ou netra vasti) technique surprenante pour les yeux.
        Les yeux ouverts baignent dans une préparation d’huile, de ghee et de plantes chaudes avec incrémentation du temps de pause sur plusieurs jours.
        Les préparations en question Patoladi gritha ou (et) Jeevantyadi ghrita
        Patoladi gritha calme V, P, K. Elle peut être aussi utilisée en ingestion.
        Ses ingrédients sont nombreux, pippali (poivre), neem, vetiver, triphala, amla, yasthi ( réglisse), santal, poivre long, etc.
        L’autre préparation utilisée est Jeevantyadi ghrita qui est une huile utilisée aussi pour les pratiques de snehakarma. La base étant le ghee et l’huile de sésame utilisée pour les glaucomes, elle peut être prise en ingestion. Ses ingrédients sont aussi nombreux, dont le poivre, le sucre, le raisin, le lait de vache, le triphala, le sel, et d’autres racines et plantes.

      • Les Massages du corps entier selon les trajets énergétiques,les nāḍī नाडी et les marma , et qui sont l’ abhyanga classique et le kalari कळिर massage.
      • Le Massage Udvarthana (massage à sec aux poudres de plantes) dont le but est de « casser » la graisse. C’est un massage contre l’obésité.
      • Les bains de hanche, du rachis vertébral, avec le corps enduit d’huile, etc., favorable contre l’infertilité entre autres.
        Voici donc les techniques de sudation avec l’aide du feu.

Sans l’aide du feu

    • Nous trouverons les exercices qui créent la transpiration, donc les postures du yoga, Āsana आसन. Nous trouverons de même le fait de rester dans une pièce sans air, être très couvert, porter des bandages.
    • On peut de même à doses stratégiques, provoquer, par l’alcool, la faim, les excès de soleil, le processus de sudation.
      Après ces techniques sera souvent conseillé un régime alimentaire et comportemental.

Ce n’est qu’à partir de ce moment là, si la maladie nécessite les pañcakarma et que le patient peut les supporter, que la deuxième grande phase du traitement ayurvédique va pouvoir se faire. Un jour de repos après l’oléation sera cependant nécessaire.

Les pañcakarma

Les pañcakarma (pañca ; cinq, karma ; action) vont être réalisés en fonction des doṣa et de leur état aggravé ou vicié.

 Vamana वामन ( vomission) concernera les problèmes de kapha दोष
 Virecana विरेचन ( purgation) concernera les problèmes de Pitta पित्त
 Enema Basti बस्ति (lavement) concernera les problèmes de Vata दोष
 Nasyam नस्य ( voies Orl) concernera les problèmes de Vata-Kapha
 Rákta ‎mokṣa रक्त मोक्ष (saignée) concernera les problèmes de Pitta + pblm de sang

Exemple de pañcakarma
A titre d’exemple, je vais vous décrire Vamana, la vomission, préconisée dans les désordres de kapha, tel que la fièvre, l’indigestion, les diarrhées, les problèmes pulmonaires, les problèmes de sang, de peaux comme le psoriasis, les problèmes d’estomac, de diabète, de goître, de tumeurs, etc.

Son processus :
Après avoir fait les pratiques de sneha karma et sveda karma appropriées à la maladie et à la personne, on va, la veille du pañcakarma, faire manger au patient tout ce qui aggrave Kapha, tels des aliments lourds et gras.
Le jour de Vamana, aucun aliment ne sera pris mais on va faire boire du lait et remplir l’estomac avant de donner la médecine.

Ingrédients de la médecine :

 Vacha powder (acorus calanus) 1/2 tsp
 Madana phala ( powder ) 2 tsp
 Pippali ( poivre long) powder 1tsp
 on mélange les 3 + sel de mer 1/2 tsp + miel 1tsp (ou du lait)
 on partage la médecine en 3 fois.

A chaque fois que le patient vomit, on remplit de lait l’estomac, puis on redonne la médecine. La personne se reposera et mangera un peu et de suite après la dernière vomission. On attend 7 jours. On peut continuer les pratiques d’oléation entre-temps ou les massages appropriés.On recommence le 8° jour pendant 2 jours maximum.

Après Vamana, on fera Dhūmapāna धूमपान. On fume ou inhale la vapeur du curcuma longa. Pour cela, il faut mettre de la poudre de curcuma (tumeric) dans un fin tissu, le rouler, le huiler, le brûler, l’inhaler en 1 seule fois par narine.
C’est ensuite la mise au repos.

Les cures peuvent se faire selon besoin sur 1 ou 2 ou 3 semaines.

A quels signes et symptômes verrons-nous que vamana est bien fait ?
Kapha, Pitta, Vata sortent successivement dans cet ordre.
 esprit calme, ralentissement du rythme cardiaque, élimination des déchets pulmonaires pour Kapha,
 plus de force, plus de luminosité sur le corps, pour Pitta,
 la douleur se réduit dans le corps pour Vata.

Si vamana est mal fait !
Il n’y aura pas de vomission, ou bien seule la médecine ressort, ou bien il y a un mouvement insuffisant de vomission ou une vomission sombre ou en excès. Apparaissent ou persistent les problèmes de peau, de fièvre et les excès de toux. Cela indique que les canaux ( srotas) sont encore bouchés et impurs.

Conclusion

En Inde aujourd’hui, près de 80 % de la population utilise une forme de médecine traditionnelle. Le pays dispose de milliers d’hôpitaux, de dispensaires et de praticiens. La gestion et l’enseignement de l’Āyurveda sont confiés depuis 2014 au ministère du Yoga et de l’Ayurveda qui s’occupe de même de la naturopathie, de l’homéopathie, de l’unani (médecine Perso-Arabe traditionnelle de l’Inde Mogol).

En occident, l’Āyurveda est en vogue en tant que pratique alternative préventive et de bien-être. L’aspect curatif relève quant à lui de compétences et de produits traditionnels difficiles à mettre en place en occident, tant par la conformité des médecines que des techniques traditionnelles utilisées. L’état indien travaille à developper les recherches en Āyurveda sur les plantes médicinales, la standardisation des médicaments, la pharmacovigilance, la littérature ayurvédique et la recherche clinique.

Au niveau mondial, les USA semblent être plus en avance qu’en Europe en termes d’étude et de recherche appliquée à cette médecine traditionnelle, bien qu’un diplôme dans un autre corps médical soit exigé parallèlement pour officier, l’āyurveda n’étant pas reconnue officiellement dans ce pays. La Russie semble quant à elle, mener une politique de développement très active avec l’Inde dans la mise en place de ces traditions sur son territoire.
A la Réunion où la tradition Indienne est enracinée, la sensibilisation à cette stratégie de soins est de plus en plus pratiquée et intégrée.
Le Centre Jaya de yoga Védanta travaille dans cette direction depuis de longues années dans l’aspect préventif et associe l’āyurveda à sa pratique du yoga dans le respect des traditions millénaires. Ce qui en fait un centre spécifique où l’individu est pris en considération dans sa totalité, en terme de santé physique, énergétique, mentale et spirituelle.

Hari om tat sat
Jaya Yogācārya

©Centre Jaya de Yoga Védanta La Réunion