« L ’œil de la clairvoyance n°2 »
Conférence du vend 28 février 2014 donnée par Jaya en cours de méditation.
"Tout a son heure et sa place désignée..."
Je vais revenir ce soir sur l’Ajna chakra et tenter d’approfondir avec vous la science yoguique qui s’y rattache. Mais avant, je voudrais, afin que nous évitions de tomber dans ce consumérisme de la connaissance millénaire, recentrer notre préoccupation vers son but essentiel. Lorsque je vous enseigne, j’ai conscience que je parle au nom d’une lignée de yogis et de maîtres, et qu’avec eux, c’est le plan divin qui s’exprime. Je me prosterne donc devant ce subtil et les maîtres qui m’ont initiée, afin que ma parole soit claire et éclairante pour vous.
Le subtil, le divin, pénètre toutes choses car il est omniscient, omnipotent, omnipénétrant.
Étant partout, il est aussi en vous. Et lorsque nous sommes réunis ainsi dans cette salle, il est en chacun de nous, invisible. Il est de par nos âmes qui résident en nous.
Alors c’est à vos âmes que ce soir la mienne parlera.
L’attention profonde d’un chercheur spirituel, sa parfaite écoute, son immobilité attentive indique la qualité de sa quête. L’attention profonde envers l’autre est fondamentale dans la passation de la connaissance et un chercheur spirituel doit accorder à celui qui lui parle toute cette attention. Il est dit dans les Shastras (textres sacrés) ; « Il y a des millions de livres sur le yoga, des millions de méditants de par le monde, mais notre vie est très courte ». Nous ne savons pas quand nous mourrons. L’existence est pleine de difficultés, d’angoisses, de limitations. Néanmoins, disent les textes, ce qui est l’essence même de la conscience, du subtil réside déjà dans notre corps, invisible en chacun de nous.
La pratique du kriya yoga et de la méditation permet d’entendre et de voir cet invisible.
Pour atteindre cette connaissance, vous avez besoin de deux choses :
Un guide et la connaissance elle-même. Il vous faut prendre soin des deux.
Plus l’intelligence sera affinée, mieux vous pourrez évaluer votre conduite. A partir de l’intelligence, il est possible d’acquérir la connaissance, et de la connaissance vous pouvez accéder à la conscience, à la supra-conscience, et ensuite à la conscience cosmique.
Alors les tâches quotidiennes et la vie seront accomplies plus calmement, plus correctement et là, vous pourrez voir que dans la vie, les êtres humains n’agissent pas seuls et que dans l’univers tout entier, le pouvoir de la conscience universelle agit et réside en eux et par eux.
La puissance de la pratique est censée vous amener à percevoir la trinité des perceptions internes que sont :
*la sensation de la présence subtile en vous.
*le son divin.
*la lumière divine.
C’est à ces perceptions que nous pouvons réaliser la présence de l’âme dans le corps.
Mais pour cela il faut que le courant spirituel circule en vous, or vous êtes si affairé que ne circule en vous que l’agitation.
Revenons à L’Ajna.
Jésus a dit : « Si votre œil est unique, votre corps sera rempli de lumière divine ! »
Tout le yoga est résumé ici.
« Au milieu des sourcils est le point de Shiva. C’est là que le mental s’apaise. Cet état est connu sous le nom de Turya ou quatrième dimension. Mais le temps n’y existe pas . » Verset 48 du 4e chapitre du Hatha-yoga pradipika.
C’est le chakra du Maître. Lorsque ce chakra est éveillé par la kundalini Shakti, nous sortons du champ des cinq éléments inférieurs (terre, eau, feu, air et éther). C’est le centre de la conscience, le point terminal d’Ida et Pingala nadis.
Dans le cercle blanc de l’Ajna chakra, nous rencontrons pour la troisième fois le yoni et le lingam, à savoir le triangle récepteur féminin enfermant le symbole masculin de la procréation.
Les lingams évoluent sur la montée des chakras. Le Dhumra lingam (couleur fumée) de Mooladhara chakra gris anthracite est enroulé de la kundalini incandescente et tire plus vers le rouge pour devenir doré dans le lotus à douze pétales et devenir blanc dans le crâne, (l’Itarakhya de noir passera au blanc).
Ce sont trois étapes d’union.
Chaque fois, la partie du corps peut être comparée à un réceptacle.
« Il y a la le chaudron en bas du canal rachidien, ensuite le calice du cœur, et enfin la coupe du crâne », nous dit Werner Bohm.
Les six centres montrent l’évolution du rouge au blanc, mais aussi des chakras chauds vers les froids.
La façon dont les centres sont disposés nous permet de les grouper en trois régions. Ainsi le lotus à quatre et celui à six pétales relevant de tamas (l’inertie) se trouvent dans la région du métabolisme et ses appétits, sexuels digestifs où la volonté est obscure.
Les lotus à dix et douze pétales relevant de rajas (l’excitation) sera le siège des émotions.
Ceux de seize et deux pétales ressortissant à Satva (la pureté) sont les sièges sont ceux du langage, de la pensée et de la compréhension. C’est le lieu de la conscience et de l’éveil potentiel.
Ces trois étapes représentent les trois états de la conscience, sommeil, rêve et veille voir principe védantique de l’Adhyaropa.
L’état de Turya, l’état d’éveil, le 4e ne vient que lorsque l’Ajna est éveillé.
Le lotus aux deux pétales et celui aux mille se trouvent donc dans la tête. A cet égard, ils sont libres par rapport à la colonne vertébrale, tandis que les autres sont enchaînés à elle.
Dans l’Ajna chakra, la colonne vertébrale ne pénètre plus le lotus, comme elle le faisait dans les chakras inférieurs, mais elle passe derrière celui-ci. Cela indique une plus grande liberté que celle dont jouissent les états de conscience qui sont liés à la colonne.
Dans le bouddhisme, une image parlant de l’éveil de ce chakra frontal mentionne que le Bouddha historique était assis sous un figuier, l’arbre de la connaissance, lorsqu’il atteignit cette profondeur de la méditation au cours de laquelle il développa le lotus du front, ce qui provoqua l’apparition d’un joyau sur son front, connu sous le nom « d’Urna ». Dans tous les cas, le mot "urna" caractérise une marque particulière entre les deux sourcils, poils, signe, grain de beauté, etc.
Au-delà de la légende, cela indique un processus très important.
Pour le yogi, l’esprit édifie le corps.
L’état de Turya est donc l’état de paix mentale. Omniprésente, elle représente l’état où la Shakti a cessé de se contracter et de se dilater pour rester en union avec Shiva, la conscience. La fusion de l’égo individuel et l’égo cosmique est réalisée.
Mais avant cela, Ida, Pingala et Sushumna doivent s’unir dans l’Ajna. Cela fera disparaître la conscience individuelle au profit d’une conscience beaucoup plus large et homogène. L’individu transcende la dualité. Il y a là une grande purification mentale.
Cette purification mentale est nécessaire avant d’activer la grande énergie, sinon le yogi s’expose à de grands dangers.
Revenons donc aux deux pétales de l’Ajna. Rappelez-vous, sur le pétale de droite le mantra Ham mantra de Shiva et sur le gauche le mantra Ksham celui de Shakti.
A ces deux pétales respectivement correspondent Surya le soleil et Pingala et Chandra la lune blanche et Ida. A ce propos, beaucoup de livres se contredisent selon que l’on se place du point de vue de son propre Ajna ou selon que l’on regarde un dessin du chakra.
A l’intérieur du lotus, un cercle parfait blanc argenté symbolise Sunyaka le vide. A l’intérieur du cercle, un tripura rouge sur lequel l’Itarakhya lingam de couleur noire représente la personnalité consciente d’elle-même. Là encore, j’ai trouvé tant de versions différentes selon les auteurs que je subodore qu’ils fassent une confusion entre l’Itarakhya lingam noir du yantra du chakra avec l’Itarakhya lingam blanc lumineux de la déité Ardhanariswara. Le premier concerne l’aspirant avant l’éveil d’Ajna, le deuxième concerne celui-ci après l’éveil.
Devant le lingam se trouve la syllabe Om. Au-dessus, nous trouvons le croissant de lune et le bindu encore au-dessus.
Certains parleront de lune noire pour ce croissant de lune. La zone noire est une expression du son non manifesté appelé Mahakara.
Le M de Mahakara est poussé vers le bas, vers la sphère de la lune par la gravité.
Dans Swadhisthana, nous retrouvons le symbole du croissant de lune et le crocodile Makara. Le monstre souterrain sort dans Ajna la tête de l’eau aux premiers rayons du soleil, de sorte qu’il est crée par eux. Ici, le son M se transforme en Ma et devient le son qui donne naissance, par sa force à la conscience supérieure.
Le Ma devient spiritualisé.
De même que dans Swadhisthana, le pratiquant doit traverser le fleuve souterrain de ses karmas où est tapi le Makara, de même l’aspirant doit passer par ce vide du cercle d’Ajna comme par un étroit portail. C’est seulement de l’autre côté, qu’il atteindra le domaine de l’esprit libre, au-delà du mental (manas).
Toute naissance spirituelle se produit au nord, au solstice d’hiver, à savoir dans le lotus du haut.
Le yogi devient spirituellement libre et maître de tout ce qui est dans son corps.
La lumière de la connaissance brille et elle peut descendre dans les profondeurs. Le serpent est soumis, le Makara conquis, car au-dessus de la zone noire, le soleil spirituel a transpercé l’obscurité.
Dans les deux mantras Ham et Ksham, deux sons représentent les forces créatrices cosmiques qui œuvrent sur les ailes du temps. Le H est le son aspirant spirituel et le S le son sifflant plus terrestre, les sons respectifs de Shiva et Shakti. Cette polarité horizontale que l’on retrouve avec les deux ailes existe aussi en verticale dans la position Shiva-Shakti de départ. Le force imagée de ces deux polarités donne le symbole de la croix, symbole lui aussi éminemment spirituel.
Ainsi donc,
« Tout a son heure et sa place désignée »
nous dit encore Werner Bohm.
Nous touchons là, la connaissance ésotérique et symbolique de la science des chakras, et sa résonance dans les autres courants spirituels. C’est là la preuve de l’universalité de cette science millénaire.
Une confusion semble récurrente dans les nombreux textes sur ce sujet, à savoir celle qui est faite dans l’association de l’ajna chakra à l’hypophyse (la pituitaire) ou à l’épiphyse (la pinéale). Beaucoup attribuent l’Ajna à la pinéale. Ce n’est pas faux mais c’est cependant aller vite en besogne, la pituitaire y jouant un rôle important d’avant-garde.
L’Ajna chakra est relié au système hypophyse-épiphyse (pituitaire-pinéale). Parfois, il est dit de la pituitaire qu’elle est la mère et de la pinéale, qu’elle est le père.
On relie aussi parfois la pinéale à Sahasrara. Ce qui fait toutefois l’unanimité dans de nombreuses traditions mystiques, est l’association de l’ajna à cette glande photosensible qu’est la pinéale.
Michel Coquet nous explique : « Lorsque l’homme spirituel est proche de faire fusionner sa dimension individuelle avec sa dimension cosmique, ces deux glandes entrent en action. Lorsque la personnalité spirituelle s’affirme, elle engendre dans le corps pituitaire une réaction magnéto-chimique qui ira en s’intensifiant jusqu’au moment où cette radiation magnétique touche à la pinéale. Alors de là naît le 3e œil, résultat de l’interaction vibratoire entre les forces individuelles et les forces cosmiques. Cette jonction des forces négatives (physique) et positives (conscience) réagissant les unes sur les autres et leur rencontre, produit cette luminosité bien connu des yogis ».
Ce point de jonction est très précis et ne peut-être mentionné ici.
Ainsi donc l’Ajna en éveil devient un véritable instrument de l’âme pour le chercheur spirituel.
Ce moment là ne signifie pas que la réalisation est acquise, mais cela signifie que le chercheur a passé un cap majeur et peut enfin s’établir dans les véritables actions spirituelles.
Hari om Tat Sat
Jaya Yogacharya
Bibliographie :
« Chakras, racines de force » de Werner Bohm aux edts Trédaniel.
« Ha-tha yoga Pradipika » de Swami Satyananda Saraswati aux edts Satyanandashram.
« Les Chakras, l’anatomie occulte de l’homme » de Michel Coquet aux edts Dervy.
« Kriya yoga » de Sri Yukteswar et Parahmasa Yogananda aux edts Adyar.
Rédactionnel, commentaires et analyse de Jaya Yogacharya.