Le coeur du yogi
Il a raison de Vous par ces « break » qui vous « brèchent »,
dont on ne revient pas sous peine de rancœur.
Alors, prenant le cœur qui vous était offert,
il « s’éthérise » là, sans autre explication.
Le silence est garant du Pur et du Savoir,
et Noblesse en effet doit être rappelée.
Les champs émotionnels devant être gérés,
il regarde les siens qui ont peur de vos noirs.
Il donna à vos mains le pasha (1) fusionnel
que vous dénouez là, obligeants et discrets,
leçon lui est donnée que cette donation,
n’a pas su préserver la sagesse de ses contes.
Elle était le parfum qui liait chaque verbe,
chaque souffle pensé au bout de chaque doigt.
Il oublia les Sages qui l’avaient prévenu,
de ne jamais confondre le ventre et la poitrine.
Entre gravitation et force des sentiments,
quand le destin semble devenir évitable,
Il est bon de rester au dessus dans le ciel,
et de se propulser très loin du « viscérique » (2).
Au siège du grand cœur , il y a le libre arbitre,
démagnétisé des attaches latentes,
qui « pulsionnent » l’envie, asservissent le besoin.
Seule la seule puissance de son être centré,
en effet « vitalise » et purifie son « Propre ».
L’Arbre des souhaits (3) est alors aperçu,
mais rappelle à celui qui s’y laisserait prendre,
que tout désir n’est pas forcément souhaitable.
" Oh, si seulement, l’autre pouvait m’aider ! "
Et voilà qu’il aide, avec science et sacre.
" Oh si seulement, l’autre attendait ! "
Et voilà qu’on le perd entre ses parallèles.
Soyons donc attentifs à l’autre comme à nous même,
et bannissons le doute sur ceux que nous aimons.
Si proche est le joyau de la pensée correcte,
lorsque nous sommes aimés par des êtres de foi.
Impassibles dans l’adverse, lumineux dans le sombre,
ils frémissent et attendent les consciences éclairées.
Vos silences ouverts « illimitent » son crâne,
qui cherchera la source, serait-elle pèlerinage,
pour abreuver les veines de vos fleuves séparés.
L’amour se doit d’exclure le vil, le marchandage.
Quand vous aurez passé le cap de vos oreilles,
qui va de vos pianos aux flûtes de son âme,
la voie tant recherchée sera peut-être là,
dans l’humble compréhension de cet amour humain.
« néologismes »
auteur
Jaya Yogacharya
1 . Pasha, le lien, le noeud qui enchaîne l’être humain à l’illusion du monde par les trois états que sont le rêve, le sommeil et la veille. Aucun n’apportent l’état d’éveil et de conscience.
2 . Viscérique, néologisme pour exprimer le viscéral du centre primaire qu’est le ventre.
3 . le Kalpa Taru en sanskrit.
Conférence donnée par Jaya au cours de méditation du 30 nov 2012
Dans le yoga de l’éveil de la Shakti, le chakra du cœur Anahata a une place très particulière.
Les yogis vous diront qu’il est important que la kundalini s’éveille au minimum dans manipura, le cente du ventre et qu’une fois éveillée là, elle y reste de façon permanente. A partir de là, elle va pouvoir monter au plan au-dessus et s’y transformer. Beaucoup de gens de nos jours, de par leur activité professionnelle, leur interaction avec autrui, sont, heureusement pour l’humanité, actifs sur le plan du cœur. Toutefois, nous pouvons observer un développement très individualiste et outrecuidant chez beaucoup d’entre nous, particulièrement chez les jeunes générations.
Ce centre cardiaque fonctionne donc chez beaucoup de gens, mais il faut faire la différence entre activité et éveil.
Je ne vais pas décrire ce soir les attributs iconographiques du chakra en question, mais vous rappeler qu’il est entre autre le siège du second nœud psychique ; Vishnu granthi.
Ce nœud représente l’esclavage dû à l’attachement émotionnel. Il correspond à un mode de fonctionnement où les décisions sont guidées par les émotions ou sentiments et non par un esprit éclairé par la connaissance spirituelle. Ouvrir ce passage ne peut se faire que par la prise de conscience des valeurs spirituelles et l’harmonisation de ses émotions.
A chaque chakra correspond un plan de conscience et d’éveil. Celui qui réalise l’éveil de ces valeurs à cet endroit là, outre le fait de pouvoir contrôler ses sens et son mental, accomplira des actions élevées et honorables.
Les pouvoirs qui lui sont associés sont d’une part des paroles inspirées et d’autre part l’art d’entrer à volonté dans le corps de l’autre. Comme ce chakra est aussi le siège de la guérison, ces pouvoirs interviennent dans l’acte de soin.
Inutile donc de vous essayer à soigner autrui d’un point de vue énergétique si vous n’avez pas l’état d’éveil de ce centre là. Aucun prâna ne sera actif, aucune shakti ne sortira de vos mains.
Les textes tantriques affirment que ce centre est le lieu où se matérialisent les pensées et les désirs.
Lorsque vous êtes centré dans les chakras inférieurs, vous êtes un individu dépendant de votre destin. On l’appelle le prarabdha karma. Vous avez la maîtrise apparente des situations de votre vie mais en fait vous êtes influencé par tous les plans empiriques, animiques et viscéraux qui enchaînent vos organes des sens, le corps et le mental. La vie vous semble inévitable, malgré une volonté en action.
Cela n’empêche pas de réaliser sa vie mais sur un plan primaire.
Au plan supérieur, il en est tout autrement. Vous pouvez agir et vous libérer de la loi implacable d’un apparent destin.
A cet endroit là, la shakti qui anime la conscience s’accélère, et donc permet à cette dite conscience de s’élever et se détacher du viscéral, de s’éloigner des samskaras, à savoir des imprégnations souterraines et inconscientes
Ce libre arbitre s’éveille par le fait de sa seule expérience. Les croyances, les aides extérieures n’ont plus besoin d’être. De la même manière que lorsque le chakra frontal s’éveille, le maître intérieur s’éveille et vous n’avez plus besoin d’un maître ou d’un guru.
De la même manière, à une étape antérieure bien sûr, sur le plan du cœur, vous n’avez plus besoin de psychothérapeute ou d’un être proche pour guider votre cœur.
La conscience spirituelle donne tout d’abord cette possibilité de déterminer notre sort.
Les Tantras vous diront qu’à la source de ce centre se trouve l’arbre de la réalisation des désirs, le kalpa Taru ou kalpa Vriksha.
S’il devient actif, tout ce que vous pensez ou désirez devient expérience réelle. Mais il n’est peut-être pas souhaitable, vu la nature humaine et ses tréfonds, qu’elle obtienne la réalisation de tous ses désirs. Sans quoi, elle tuerait tous les êtres haïs, voire même les êtres chers et le monde serait anéanti depuis fort longtemps.
Des pensées nous assaillent continuellement, qu’elles soient matérielles, pécuniaires, familiales, amoureuses, professionnelles. Tant qu’elles ne sont pas réalisables et restent des pensées, nous pensons sans économie ni contrôle.
Quand ce n’est pas leur verbalisation à voix haute !
Il n’est aucun danger, pourrait-on croire, de rêver, de délirer, de désirer, de se venger, de détruire, de régler ses comptes tant que ses pensées n’ont pas de puissance de réalisation. C’est la fête foraine dans la tête. Il est cependant parfois grand danger de les formuler.
Mais celui qui développe son mental et purifie ses plans de conscience, développe de même des pouvoirs capables d’agir puissamment.
Plus les pouvoirs sont grands, plus la responsabilité de ces pouvoirs sont délicats. Plus vous développez vos outils, plus vos pensées sont des armes à double tranchant.
Si par des pratiques intenses, mais sans discernement, vous éveillez ce centre du cœur alors que vous ne maitrisez pas le pouvoir mental, le pouvoir mental vous mangera.
Plus simplement, dans la vie de tous les jours, et pour le commun des mortels, si vous jouez avec le grand cœur, en étant pessimiste, en développant vos tendances négatives, en devenant l’adepte du sombre, vous vous effondrerez vite retournerez dans l’empirique et vos carcans viscéraux.
La grande sensibilité vibratoire de ce noble centre doit faire prendre conscience de la nécessité de la vigilance, envers soi-même et envers les autres.
Prenez donc conscience qu’en face de vous, il peut y avoir plus sensible et plus vibratoire.
En face de vous, si vous êtes déjà subtil et délicat, imaginez lorsque vos noirs et vos sombres aspects se déversent sur autrui.
Soit, vous cimentez l’autre dans son animique et le renvoyer sous la terre, soit vous tailladez dans le beau plus beau que vous. Quant à votre propre beau, vous ne supportez pas qu’on puisse abîmer ou mettre en doute ce que vous avez patiemment sculpté.
Quant Anahata s’éveille, le yogi doit être vigilant à ses fréquentations qui pourraient taillader ce beau et remettre en doute ses facultés.
Le yogi se doit de rester impassible et s’établir plus que jamais dans une grande détermination.
Le pouvoir de la volonté associé à la connaissance et l’action développera cette triple shakti, (tripura ), cette énergie inébranlable.
Mais nos autoroutes du cœur bifurquent parfois dans des attaches imprévues. Rouler sur le chemin du grand cœur comme sur une autoroute au volant d’un pouvoir mental développé, c’est rouler avec une voiture de sport hors circuit.
La vie nous met très souvent en présence de personnes non conscientes de ce processus. Il nous faut savoir cependant les aimer et savoir considérer, celui qui tente d’évoluer malgré son mal de vivre, ses addictions, ses imperfections, ses maladresses, ses essais de vie, ses attachements, ses offenses.
La Shakti ne détruira pas un cœur bon, lumineux. Elle l’invitera même vers les pouvoirs psychiques du chakra de la gorge. Nous sommes si dérisoires, si éphémères et si éternels.
Soyons comme les tournesols, tournons nous toujours vers le soleil tant que le soleil se montre à nous.
N’attendez pas les jours de pluies pour agir.
L’égoïsme qui vous emmure ou vous sert de bouclier est une forme viciée de l’amour pour nous-même. La distanciation peut nous permettre de gérer les autres, mais n’enlève pas la nécessité de notre travail avec nous-même.
De la même manière que la pureté de la conscience doit atteindre le crâne, de la même manière, le symbole de la pureté qu’est le Padma (lotus), symbole du travail spirituel et de l’ouverture, doit s’épanouir dans la poitrine.
Dans cette jungle de l’égo, où nous instrumentalisons l’autre à notre seul profit, même dans la pratique spirituelle, il est bon de cultiver le subtil et de revenir aux nobles créations de l’âme humaine, que sont l’art, la musique, la poésie...
L’égo est un grand obstacle dans nos existences, mais ce n’est pas l’outil de l’intellect qui en viendra à bout. Seule une forme d’amour très développée, dépourvue de naïveté et fermement établie nous permettra de relativiser l’égo et de le renvoyer à sa source originelle pour qu’il y soit dissous.
Renvoyez votre égo au big-bang de votre être, afin que votre expansion se fasse libre de lui. Parcourez l’infini qui vous attend sur les ailes de votre seule existence, porteuse d’amour et de conscience. Le monde est fluctuant entre lumière et ombre, et vous serez toujours le miroir qui reflète les deux.
Seule la dimension de l’humble et la quête du mieux, vous mènera à votre propre connaissance.
Une petite histoire du kalpa taru
– Un ascète en forêt et depuis fort longtemps, pratiquait sous l’arbre de la réalisation des désirs sans le savoir. Fatigué, il s’accorda une pause et se dit qu’il avait un peu faim. A ce moment là, quelques fruits tombèrent de l’arbre devant lui !
Étonné de cela, il remercia l’arbre.
Puis il se dit," Ah, si seulement je pouvais avoir un bon lit !"
et un magnifique lit somptueux se matérialisa devant lui. Heureux, il pensa toutefois, "Ah, la nuit tombe, si je dors là, les tigres vont me manger ! et les tigres ..."
Hari om Tat Sat
Jaya yogacharya
bibliographie :
" Kâma "de N. Jorez "
" Eveil de la Kundalini" de Marc-Alain Descamps.
" Kundalini tantra" de Swami Satyananda Saraswati