– Ethymologie Racine DHRI : tenir fermement, soutenir mais aussi préserver ou encore imposer, décider ; trois idées majeures !
Deux notions en sont issues, la première impliquant la seconde :
- 1er notion
nature propre ou essentielle. Cela comprend :- les qualités
- les propriétés caractéristiques d’un être impliquant une manière d’être, de se comporter face à ce qui nous entoure.
Cela peut s’appliquer à un être, à une organisation, un groupe, une espèce, un cycle cosmique et même à l’ordre total de l’univers.
- 2eme notion
A un autre degré, c’est la conformité à la nature essentielle dans une constitution ordonnée de l’ensemble. Ce qui implique un équilibre, une harmonie intégrale (équivalent à la justice sans son caractère moral) d’où dharma peut être associé à un équilibre et donc une loi universelle pour maintenir cet équilibre.
– Karma et dharma
Le rapport entre le karma et le dharma peut apparaître comme une opposition mais en fait :
- le karma est de l’ordre de la manifestation
- tandis que le dharma est de l’ordre du principe.
Donc karma est l’action juste par laquelle le dharma sera manifesté extérieurement. Karma est une action normale dans le sens ou elle est conforme à la nature propre des êtres (ou groupes...).
– A-dharma
Le a-dharma est donc ce qui est non conforme avec la nature des êtres et ce qui donc crée une rupture, une disharmonie. Il n’est nullement question de sentimentalisme ou de moralité.
« Mieux vaut (pour chacun) sa propre loi d’action, son dharma (svadharma), même imparfaite, que la loi d’autrui, bien appliquée. Mieux vaut périr dans sa propre loi ; il est périlleux de suivre la loi d’autrui. " Baghavad Gita III-35
Chacun doit donc remplir son rôle, sa propre fonction en rapport avec sa nature propre.
– Exemple dans la littérature indienne
Dans la littérature indienne nous retrouvons plusieurs épisodes dans lesquels de grands sacrifices sont nécessaires au maintien du dharma.
Dans le mahabarata la défaite des Kaurava signifie le triomphe du dharma qui mérite les plus grands sacrifices. Pour preuve, le petit-fils d’Arjuna, Pariksit, a réussi à bâtir sur les ruines du royaume des Kaurava un état où régna une justice accomplie. Seul le sacrifice des Pandava lui a permis de rétablir le dharma qui est le contraire du chaos.
Dans le Ramayana , Kaikeyi, la deuxième épouse du roi Dasaratha le soigne de terribles blessures. Celui ci promet en échange de satisfaire à deux de ces désirs.
Ce roi un fils Ramachandra de son premier mariage qui doit devenir son héritier (dharma) et un deuxième avec Kaikeyi. Or cette dernière poussée par sa servante Manthara (a-dharma de hiérarchie) exige :
-
- le couronnement de son propre fils Bharata
- l’exil de Rama dans la forêt pour une période de 14 ans.
Le roi fasciné par les paroles de Kaikeyi, alla à sa perte, telle une gazelle tombée dans une trappe, et la reine dit ces mots à un roi affaibli et aveuglé par sa passion : « c’est à toi maintenant de tenir les deux promesses que tu avais faites autrefois ! »
L’honneur de guerrier interdit au roi de se dédire. L’autorité de Père à fils fondée sur le dharma ne permet pas à Rama de lui désobéir en hésitant un seul instant à renoncer au trône.
Sita son épouse et Lakshmana son frère qui partagent avec lui les peines de l’exil ont un comportement ancré dans le dharma.
Ce seront eux trois et surtout Rama (incarnation de Vishnou) les instruments du rétablissement de l’ordre, de la loi.
bibliographie :
- L’inde Ancienne ; Heinrich Gerhard Franz
- Introduction générale à l’étude des doctrines hindoues ; René Guénon