« Le culte de la Déesse n°3 - Sri Yantra (2) »
Conférence donnée en cours de méditation le Vendredi 27 mars 2015 par Jaya Yogacharya
Le Nava Chakra : l’élaboration
Nous abordons depuis quelques semaines l’univers iconographique tantrique afin d’avancer dans la maîtrise de l’éveil de l’énergie.
Le Sri Yantra dont nous avons parlé la dernière fois, voir Le processus du devenir, est un véritable rituel tantrique en lui-même.
Sa construction en premier lieu est si édifiante de difficultés qu’elle nécessite une grande qualité de concentration ainsi qu’un énoncé précis.
C’est d’ailleurs le point que nous allons aborder ce soir et ce, de façon ludique.
Je vais donc y revenir.
Mais le rituel du Sri Yantra ne s’arrête bien sûr pas à sa construction et nécessite ensuite une réelle approche, par les outils de tratak, à savoir les techniques poussées de fixation et de concentration associées à la compréhension philosophique et mystique du processus qui l’anime.
J’ai de même la dernière fois, abordé la signification symbolique des formes élémentaires qui le constituent afin de poser les fondamentaux qui préoccupent les contemplatifs.
Rappelez-vous que ce qui les intéresse avant tout est la dynamique des formes, à savoir l’énergie primordiale et la vibration qui animent la forme.
Il faut donc que le Sri Yantra soit exécuté de manière à ce qu’il fonctionne ensuite, c’est-à-dire, afin que son pouvoir de rayonnement s’active.
D’autre part, il faut un pratiquant suffisamment concentré et avisé pour s’absorber dans le processus énergétique du Sri yantra.
Plus ces degrés là sont observés et profonds, plus le rituel sera puissant.
Dans l’ancien temps, le Sri Yantra était interprété comme la représentation symbolique des concepts profonds cosmologiques et psychophysiologiques.
Aujourd’hui, il est toujours sujet d’observation par les sciences physiologiques, car il sollicite les mécanismes de la perception humaine et de ses activités neurologiques. Alors que sa conception fait travailler l’hémisphère gauche et la logique, la concentration sur lui induit l’activité de l’hémisphère droit qui est nécessaire pour atteindre des états de conscience mystiques.
N’oublions pas que, reposant sur les processus relationnels du système microcosme-macrocosme, le sri yantra établit la relation entre Siva-Shakti, la suprême conscience et le suprême pouvoir.
Au début de la création, les catégories que sont le temps, l’espace, la causalité et la matière naissent et se développent pour donner des formes de plus en plus complexes. Mais le processus inverse se vérifie dans l’involution ou la résorption qui créent l’unité de Siva-Shakti et illustrées par le bindu central.
Les cercles ou niveaux concentriques du sri yantra (lotus, triangles et cercles inclus), sont la représentation des différents degrés du système évolution-involution, processus partant du bindu et allant vers l’extériorisation du carré qui représente la manifestation pleine universelle.
Les anciens concepts tantriques du yantra, qu’ils soient ceux des Puranas ou d’autres textes, parlent des mêmes mythes cosmogoniques de la création et peuvent être aujourd’hui encore comparés aisément au concept moderne du big bang et de son énergie primordiale extrêmement élevée.
De plus, elles s’accordent également avec les modèles scientifiques actuels d’un univers pulsatile. Ces concepts cosmo-dynamiques existent depuis toujours dans la pensée indienne. Là est la force de cette dernière et son extraordinaire actualité.
D’un autre point de vue, les niveaux concentriques du Sri Yantra représentent aussi les différents centres énergétiques que sont les chakras et qui sont localisés dans la colonne vertébrale de bas en haut. Le muladhara chakra serait donc là associé au bhupura, le carré du sri yantra, et le bindu serait le Sahasrara, la résidence de la conscience réalisée.
Ainsi donc dans la quête de la montée de la kundalini, le sri yantra peut être utilisé comme une carte graduelle ou initiatique qui contrôle la montée de la kundalini le long de sushumna, réalisant une grande expansion de la conscience et l’acquisition immédiate de la connaissance non duale de l’univers.
Mais il faut d’abord acquérir la conception du modèle qui servira ensuite comme support de visualisation.
La totalité du Sri Yantra dégage une harmonie et un charme particulier qui développent l’attraction et la relation énergétique avec l’adepte.
L’architecture du Sri Yantra présentant des lignes, des triangles, des cercles, sollicite le processus visuel et neurologique via le système du néocortex et du cortex, et déclenche des inter-actions avec les autres organes des sens que sont l’odorat, le toucher, le son, etc.
Des études menées sur le champ visuel, ont démontré que dans des ensembles de formes ayant des distorsions, les triangles et parallélogrammes seraient les formes les plus stables et les plus facilement reconnues. Quant aux couleurs d’origine selon Harish Johari, elles reposent sur les systèmes binômes rouge-vert, noir-blanc, bleu-jaune. Ces couleurs fondamentales, illustrent les principes de dualité ou de complémentarité, chaud-froid, excentrant-concentrant etc. De même , cela illustre les différents lokas ou plans de la nature, lumière-obscurité, soleil-lune, terre-ciel, etc.
Malgré la stabilité apparente des triangles, l’image est cependant considérée à haute énergie vibratoire car elle induit une rythmique de par son treillis général bien spécifique qui peut donner des illusions visuelles, des flashs rythmiques si on le fixe longuement.
Nous reparlerons plus encore des effets neurologiques et visuels que peut déclencher ce diagramme.
Nous allons ce soir essayer de faire une approche géométrique de façon ludique car cela peut sembler rébarbatif à certains.
Il existe un grand nombre de façon de le construire, mais le modèle parfait est presque introuvable. L’approche par calcul numérique précis selon un modèle géométrique ne donne pas forcément un résultat parfait. Malgré tout, certains temples revendiquaient le fait d’avoir en sculpture ou en dessin le modèle parfait.
Nous allons donc, selon d’abord un texte ancien, un peu hermétique, faire une approche simple et voir ses limitations.
Puis nous ferons une approche plus géométrique pour mettre en évidence les règles à respecter et les imperfections incontournables malgré tout.
Ces exercices seront présentés avec un didacticiel en vidéo-projection à partir du logiciel Geogebra.
PRATIQUE :
TEXTE 1 : avec beaucoup d’erreurs dans le dessin au final
Création d’un Shri Yantra : selon les textes anciens du Kaivalyashrama et du Saubhagyavardhani.
Les quatre triangles vers le haut sont liés à Shiva et les cinq triangles vers le bas sont liés à la Shakti.
On doit obtenir 43 triangles.
Il faut faire un cercle en fonction de son désir, c’est-à-dire aussi grand que l’on veut.
Il faut tracer une ligne du sud au nord, et la diviser en quarante-huit parties.
Il faut faire neuf marques sur cette ligne, positionnées ainsi en partant du bas :
sur la sixième, sur la sixième et la cinquième, sur la troisième et de nouveau sur la troisième, sur la quatrième et la troisième, sur la sixième, et sur la sixième encore une fois.
Il faut étendre neuf lignes des deux côtés de ces marques.
Celui qui est qualifié dans cette sadhana (c’est-à-dire qui connaît les termes techniques et les processus de dessin) devrait éliminer les fractions de parts de ces lignes dans l’ordre :
sur les premier, deuxième et quatrième, puis sur le cinquième et le sixième, et sur la huitième et dernière agni [trois], bana [cinq], kala [seize], Purana [dix-huit], seize ans, veda [quatre], et agni [trois].
Celui qui a compris doit ensuite joindre à ces lignes dans l’ordre :
les extrémités de Ravi [dimanche], dans le milieu de Shani [Saturn],
les extrémités de Chandra [Lune] au milieu de Ketu [nœud descendant]
les extrémités de Mangala [Mars] dans le milieu du cercle,
les extrémités de Budha [mercure] dans le milieu de Rahu,
les extrémités du Gourou [Jupiter], dans le milieu de Bhauma [Mars],
les extrémités de Shukra [Vénus] dans le milieu de Soma [Lune],
les extrémités de Shani [Saturn] dans le milieu du cercle,
les extrémités de Rahu [nœud ascendant] dans le milieu de ravi [dimanche],
les extrémités de Ketu [noeud descendant.], dans le milieu de Budha [Mercury].
C’est un mandala, il s’inscrit donc dans un carré avec quatre portes sur ses côtés ou swastikas. De la périphérie vers le centre, nous trouverons ; deux grands cercles, une rangée de 16 pétales de lotus puis une rangée à l’intérieur de 8 pétales puis le cercle dans lequel les triangles sont inscrits.
Enfin au centre du mandala le bindu.
TEXTE 2 simplifié avec réduction du nombre d’erreurs du texte précédent.
CONSTRUCTION DU SRI YANTRA simple
Tracer un cercle et un diamètre vertical qui va être partagé en 48 unités.
Tracer 9 droites perpendiculaires au diamètre en comptant, à chaque fois, depuis le sommet 6 unités, puis 12, 17, 20, 23, 27, 30, 36 et 42.
On numérote ces 9 segments de 1 à 9.
Sur le segment 1, réduire de 3 unités chaque extrémité.
Réduire les segments 2, 4, 5, 6, 8, 9 de 5 unités, 16, 18, 16, 4 et 4 unités respectivement.
Joindre les extrémités de :
la ligne 1 au centre de la ligne 6,
la ligne 2 et centre de la ligne 9,
ligne 3 et le bas du cercle,
ligne 4 et le centre de la ligne 8,
ligne 5 et le centre de la ligne 7,
ligne 6 et le centre de la ligne 2,
ligne 7 et le sommet du cercle,
ligne 8 et le centre de la ligne 1,
ligne 9 et le centre de la ligne 3
Effacer tous les traits de construction pour faire apparaître la forme du Sri Yantra.
Dessiner un cercle de 8 pétales puis un cercle plus grand de 16 pétales,
puis le carré avec les 4 portes.
TEXTE 3 - d’après un modèle mathématique et conçu sur ordinateur par le logiciel géogébra et mis au point par notre webmaster Philippe.
Jaya Yogacharya
Bibliographie :
« Sri Yantra- The ancient instrument to control the psychophysiological state of Man »by Alexey Pavlovictch Kulaichev et Dina Mikhailovna Ramendic – Biology Faculty of Moscow Universite 1989
Adaptation et commentaire Jaya Yogacharya