Soirée du 19 août 2022
Adieu ou Au revoir ?
Nous voilà tous réunis pour cette soirée d’adieu en vue de notre départ définitif de l’Ile de la Réunion.
Les chercheurs spirituels que nous sommes, vous et nous, avons passé ensemble beaucoup d’heures de pratique, dans l’effort et le silence. Nous avons découvert le subtil en nous, la beauté, la puissance de notre être. Nous avons partagé des réflexions communes et profondes sur l’existence. Nous avons pu faire la découverte en nous de trésors enfouis, tels le courage et la volonté inébranlable, le discernement, l’état d’observateur et de témoin pour affronter l’adversité de l’existence.
Nous avons ri et pleuré ensemble. Nous avons traversé tant d’épreuves intelligemment que nous ne pouvons nous résoudre à ce que cette soirée soit celle d’un adieu.
Elle sera donc celle d’un au revoir.
Le chemin que nous avons parcouru ensemble fut avant tout une expérience humaine.
Elle fut menée par l’éthique spirituelle et le service à autrui. Nous n’avons cependant pas échappé à la dimension professionnelle pour gérer l’entreprise que fut le Centre Jaya durant trente trois années.
Les décisions de la fermeture du Centre à la Réunion, son transfert et le départ de l’île ne furent pas prises pour des raisons économiques, puisque le Centre a su maintenir son cap de fonctionnement malgré l’adversité de la Covid. Ses nombreux élèves et cours des derniers mois restaient les signes de son succès.
Nous avons engagé ce grand Saut pour plusieurs autres raisons.
Parmi celles-ci, nous avons dû, après des années de patience et d’endurance, nous rendre à l’évidence que ce tissu urbain dans lequel nous étions, était devenu indigne pour nos êtres, nos âmes et notre niveau de pratique. Le bruit omniprésent sous toutes ses formes et les incivilités en tous genres de cette nouvelle société devenaient totalement inadéquats à notre quête de paisibilité.
D’autres paramètres sont aussi entrés en jeu tels, la nécessité d’assistance à nos ainés, la crise internationale. Ils nous indiquaient que nous devions accepter de lire dans cette configuration actuelle, la fin d’un cycle pour nous même bien sûr, mais peut-être aussi pour un plus grand nombre d’entre-vous. (Covid, crise sociétale, remaniement géo-politico-économique international, réchauffement climatique, choc énergétique, etc., )
Dans la tradition hindoue et sa cosmogonie millénaire, les cycles cosmiques, non anachroniques avec l’astrophysique actuelle, et dont nous avons si souvent parlé en conférences, sont annonciateurs de fin et de renouveau. Ils sont à l’image de cette nature phénoménale et de cet absolu supra-conscient apte à se manifester ou non. Prakṛti, la nature manifestée obéit à ces cycles.
Nous avons donc choisi de faire ce grand saut vertigineux pour finaliser ce cycle Réunionnais de notre existence et de notre vie spirituelle. Un véritable saut quantique.
Qu’est-ce qu’un saut quantique ?
Un électron est déterminé par sa masse, son énergie et sa vitesse qui le maintiennent à une certaine distance du noyau autour duquel il évolue selon une orbite définie.
Nous estimons qu’il est porteur d’une conscience par le fait seul de la volonté de sa manifestation, même si cette conscience peut-être réduite à sa seule énergie.
Tout le postulat de notre belle science du kriyā yoga repose sur ce célèbre couple Śiva-Śakti, Conscience-Energie.
Le saut quantique est, dans un atome, le passage d’un électron d’un état d’énergie donné à un état d’une autre énergie. Ce passage est un phénomène discontinu : le changement d’état se fait de manière instantanée.
Appliquée à notre aventure humaine, notre saut correspond à un changement radical et rapide d’état nécessitant un changement d’actions, une mise en énergie différente. Spirituellement, il nous aura donc fallu faire un saut de conscience préalable à cette énergie et ce changement d’énergie créera un autre état de conscience. En principe, il se devra d’être un état supérieur. Il ne pourra l’être que si nous commençons par privilégier la qualité de vie afin d’éviter de nourrir nos propres injures en acceptant un monde inacceptable et en nous épuisant au travail pour faire le jeu des systèmes qui nous phagocytent.
Cela dépendra de notre vigilance humaine à veiller à cela et dans nos projets de vie d’âge mûr, à ne pas subir l’inertie de la déperdition due à l’âge. D’où la nécessité de maintenir la conscience et l‘énergie à un certain niveau d’éveil par la pratique spirituelle telle que nous la connaissons (kriyā yoga, du Haṭha yoga et de Dhyāna, la méditation).
Afin de réaliser des sauts dans nos existences, nous devons nous donner les moyens pour agir.
Le saut ne peut se faire sans alignement cohérent entre notre intention, notre esprit et notre ressenti profond.
Il nous faut donc ne jamais oublier de mesurer le rapport entre les objectifs à atteindre et les moyens que nous avons. Si les objectifs sont supérieurs aux moyens actuels, il y aura échec et frustration. Il est donc préférable de bien mesurer ce rapport. Cependant, les pratiquants spirituels yoguiques, développant des moyens permettant d’optimiser leurs facultés, ne doivent craindre d‘avoir des objectifs élevés, s’ils font confiance aux outils du yoga et à sa nature de transcendance.
Il nous faut donc apprendre, chercheurs spirituels que nous sommes, à croire au meilleur, à ne pas craindre d’avoir peur et ne pas avoir peur de craindre, à fournir effort et travail en utilisant l’état de confiance, et ne pas oublier les techniques puissantes et opératives de visualisation qu’apportent la Sādhana avancée, et qui permettent de développer le pouvoir de l’esprit sur la matière et la compréhension du réel.
Je ne parle pas là de l’autosuggestion, je parle là des aptitudes supérieures et quantifiables qu’apportent la pratique du yoga avancé.
Le saut quantique dans le plan de l’expérimentation humaine induit de même la prise de risque et l’art de se remettre en situation. Plus notre connaissance augmente, plus nous devons savoir la remettre en question.
Tout est relatif dans notre expérience subjective personnelle.
Tout est affaire de niveau de conscience. Les enseignements n’ont de valeur que si vous êtes aptes à les expérimenter, à les appliquer et à les valider dans les travaux pratiques de l’existence.
La vie est une dynamique permanente, un renouveau.
Tout bouge donc tout change !
Nous mourrons souvent à ne rien faire, du moins nous ne vivons pas pleinement ou peu.
Pour les pratiquants d’âge mûr, vous avez le devoir de repousser la vieillesse en entretenant les beaux outils du yoga qui donnent un mental fort, un corps alerte, qui maintiennent en éveil la conscience, la curiosité, la dynamique de l’apprentissage, la stimulation, et qui incluent ce qui est nouveau.
Éviter de procrastiner, surtout pour méditer !
La pratique spirituelle c’est aussi être au service des autres, à commencer par ses proches, ses parents ! Il y a trop de monde dans les mouroirs contemporains !
L’individualisme à outrance crée des oublis cosmiques irréparables.
Dans le travail yoguique, nous œuvrons au dépassement de l’égo, Ahaṃkāra et le service aux très anciens est une des Sādhana les plus difficiles qui soit et des plus efficaces.
Mais les anciens n’ont pas que des carcans mentaux et des handicaps à nous offrir, ils peuvent aussi nous rendre heureux et nous apporter bonheur, exemple et admiration.
« Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage,
Ou comme cestuy-là qui conquit la toison,
Et puis est retourné, plein d’usage et raison,
Vivre entre ses parents le reste de son âge ! »
Le service à autrui consiste à être attentif à l´autre, à ses besoins. Il commence par l’attention à la santé de l’autre. Prenant soin de la nature qui se manifeste en chacun de nous, nous prenons soin du divin qui y réside.
Tout ce qui n’est pas donné est perdu à jamais !
Ici au Centre Jaya, nous l’avons toujours fait et continuerons à le faire.
Le saut quantique, c’est aussi savoir provoquer la chance, croire en elle et bouger.
C’est savoir se servir de ses compétences, privilège de l’âge et de l’expérience.
La chance, c’est aussi avoir de bons amis fidèles sur qui compter.
C’est savoir solliciter la créativité chez autrui pour le bien de tous, reconnaitre ses compétences ou ses potentialités et l’aider à les dévoiler en lui.
Toutefois, n’oublions jamais de compter sur nous-même en premier. Nous ne sommes jamais mieux servi que par nous-même.
Quant à travailler avec autrui, c’est savoir donner des directives que nous sommes nous même en capacité de réaliser. Le karma yoga fut révélateur de vos fonctionnements derrière votre bonne volonté.
Attention pour certains, à ne pas rester des intellectuels aux mains blanches, handicapés pour la moindre tâche manuelle. Quant à la gente féminine, qu’elle cesse une bonne fois pour toute, de se complaire dans une vision d’elle-même inapte au bricolage ou aux travaux difficiles. Ce n’est pas le lot de toutes malgré tout et certaines n’en sont que plus admirables.
Il nous faudra peut-être à l’avenir apprendre à cultiver nos propres salades...
Nous réitérons ici encore notre gratitude aux karma yogis du mois de juillet et vous remercions infiniment pour cette cagnotte reçue ce soir qui sera utilisée à bon escient au regard du coût du déménagement du Centre (crise internationale et inflation du coût du transport maritime).
Les projets à court terme du centre Jaya seront d’assurer les cours en ligne durant cette transition de plusieurs mois sans nouvelle structure et une association à la Réunion « Les Ami·e·s du Centre Jaya » créée par les anciens verra le jour pour faciliter cet enseignement à distance et maintenir le lien.
Toute nouvelle information la concernant ainsi que ses liens seront mis en ligne sur le site habituel.
Quant à nous, nous œuvrerons en métropole à réaliser la continuité et le futur du Centre.
Nous ne pouvons avoir pour vous tous que des souhaits positifs dans ce monde devenu complexe.
Nous ne cesserons de vous rappeler, la nécessite actuelle de recentrage et de pratique.
Nous allons devoir nous préparer à ce nouveau monde aux tensions extrêmes.
Il nous faudra aider les jeunes générations dans leur quête pour sauver la planète et notre rôle sera d’ouvrir cette dimension métaphysique qui donne un sens à l’existence et fait choisir un mode de vie responsable.
Il nous faudra préserver les clés millénaires dont nous sommes les détenteur·trice·s par la passation du savoir yoguique. Mais ce savoir millénaire ne doit pas être obsolète mais actualisé afin que notre réflexion spirituelle soit en adéquation avec l’esprit contemporain et que nous tenions compte des innovations scientifiques et des perspectives, tout comme des impasses de nos paradigmes modernes.
Que votre acquis spirituel rayonne sur ce monde et fasse renaitre l’espoir dans le cœur des êtres humains, car beaucoup sont en train de le perdre.
Nous sommes liés à jamais, frères et sœurs spirituels, pratiquants de yoga, pratiquants du centre Jaya.
Ceux qui se sont vraiment aimés, respectés, reconnus, ne se perdront jamais.
Au-delà de nos vies temporelles et subjectives présentes, ce sont des rendez-vous intemporels que nous vous donnons.
Au-delà de notre carnation, ce sont des rendez-vous divins que nous ferons.
Nous nous chercherons dans les étoiles… et nous nous retrouverons…
Ce n’est qu’un au revoir.
Hari Om tat sat
Jaya yogācāryaḥ
Messages
1. Adieu ou Au revoir ? , 9 octobre 2022, 17:48, par Ysabelle
Bonsoir Jaya ✨
C est Ysabelle, la photographe ✨
Je viens de lire votre beau message qui m’apprend également que vous êtes partis ; ça m’a touchée alors
je souhaitais vous saluer et vous transmettre mon profond respect ✨
Au plaisir de re revoir, ici ou ailleurs 😉🙏💜✨
1. Adieu ou Au revoir ? , 9 octobre 2022, 17:53, par Jaya
Merci Isabelle,
nous gardons un souvenir sympathique de votre passage. Peut-être donc à un autre jour sous d’autres cieux...Jaya yogacarya