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"Savoir qui l’on est"

Conférence donnée par Jaya Yogācārya en cours de méditation du vendredi 14 juin 2019

Beaucoup d’aspirants à la voie spirituelle pensent qu’il y a deux voies.
Les chemins dans la vie et les chemins hors de la vie.
Les chemins hors de la vie sont ceux des yogis, des moines, qui se retirent du monde dans les āśrama आश्रम, les grottes ou les monastères pour pratiquer. Les chemins dans la vie, sont ceux de nos existences dans le monde de notre époque.
Certains d’entre vous se demandent si les chemins dans la vie peuvent être aussi efficaces que les chemins hors de la vie.
Cette différence apparente est en fait illusoire.
Les maîtres vous diront qu’il n’y a qu’un seul chemin, celui qui se vit à travers votre propre existence.
Que vous soyez moine ou chef de famille, le chemin est toujours dans la vie.
C’est simplement la vie qui n’est pas la même.

Une vie de chef de famille peut conduire quelque part et une vie de moine ratée peut ne conduire nulle part.

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Le propos n’est donc pas de distinguer une vie hors du monde et une vie dans le monde, mais de distinguer une vie réussie d’une vie ratée.

Vous menez votre vie à travers votre corps, vos pensées, vos sentiments, vos peurs et ce, dans le but d’accomplir ce qui doit être accompli et de découvrir ce qui doit être découvert.
Nous avons chacun d’entre-nous à réussir notre propre existence.
Si pour vous, réussir votre existence, c’est être Bhakti भक्ति dans un āśrama, alors, allez vivre dans un āśrama. Si pour vous réussir, c’est monter une start-up à New-York, allez vivre à N.Y.
Être yogi ou moine n’est pas la question fondamentale.
Il vous faut réussir votre existence.

Que cela veut-il dire ?
Les conditionnements sociaux-culturels depuis l’enfance gravent en nous des habitudes mentales. Ils formatent en nous des modèles, des attentes qui peuvent finalement être étrangers à ce que nous sommes vraiment.
Pour beaucoup de gens, réussir son existence consiste à se marier, avoir des enfants, gagner beaucoup d’argent et/ou devenir célèbre.
Cependant, lorsque vous les écoutez, la plupart se sentent frustrés, non accomplis, avec des sentiments d’échec malgré tous leurs efforts.

Nombreux sont ceux qui ont investi l’existence avec ignorance, que ce soit dans les évènements ou dans leurs relations humaines.
Cette nécessité d’épanouissement ou de réussite de sa vie exige un travail de connaissance de soi et de mise en action.
Or, les hommes arrivent à la maturité ou à la mort au jour le jour sans préparation.
Peu d’entre-eux vont calmement vers la mort en pouvant dire qu’ils ont réussi leur vie. Cela ne dépend pas forcément d’un destin exceptionnel : une vie simple et harmonieuse peut aussi le permettre.

Réussir l‘existence c’est donc d’abord réussir « Son » existence.

La première des Sādhana साधन (pratique spirituelle) de la vie consiste à se « retrouver soi-même » si l’on a été rendu étranger à soi-même. Cela exige de comprendre ce qui est vraiment notre nécessité propre.
Si vous aimiez la danse et qu’on vous a inscrit au football enfant, alors il est temps de danser ! Vice versa d’ailleurs.

Vous remarquerez que l’on parle de « se retrouver soi-même. »
Cela fait référence à un concept fondamental du Vedānta वेदान्त.
Notre véritable nature est déjà là et ne relève pas de la causalité, alors que c’est le cas pour notre histoire subjective et temporelle.

Pour le Vedānta, cela fait référence à deux concepts ; le Dharma धर्म et le Svadharma स्वधर्म.

Le Dharma, c’est avant tout les lois qui régissent l’univers et qui font que le monde est ce qu’il est, lois universelles que les sciences redécouvrent. voir conférence " les lois spirituelles". Elles les redécouvrent car elles sont déjà là.
Il y a donc un Dharma général propre à l’homme.
Vous roulez à vive allure sous la pluie, vous risquez fort de déraper. Vous buvez de l’alcool ou fumez outre mesure, dites adieu à la santé.
Vous naissez, il faudra mourir.

Dans la tradition hindoue, on attribue au dharma une connotation comportementale selon les préceptes moraux d’une vie bien réussie.
C’est la notion du Puruṣārtha पुरुषार्थ qui signifie « but de l’existence humaine » et qui répartit la vie humaine en quatre stades (Dharma : le devoir ; Artha अर्थ, : la prospérité ; Kāma काम : le plaisir ; Mokṣa मोक्ष : la libération).

Mais au-delà de ces notions, le dharma est avant tout un point de vue pragmatique et scientifique des lois qui nous gouvernent. Il indique donc une vie comportementale pratique et concrète.

Savoir lire ces lois pour gouverner psychologiquement nos vies est bien plus difficile.
Il y a des lois universelles dans le comportement du mental humain.
Sans la connaissance intime de ses mécanismes, la vie devient là encore risquée.
Les lois physiques sont alors remplacées par des opinions, religieuses ou non, morales ou non, médiatiques ou idéologiques relatives du moment.
Aujourd’hui, les revendications de liberté d’expression et d’action défient les lois qui nous gouvernent depuis toujours.
On relègue ces lois à des valeurs doctrinales, religieuses, morales désuètes.
Même si souvent elles ont été abusivement récupérées par des pouvoirs d’intérêt, ce n’est pas parce que ces lois ont été détournées qu’elles perdent leur valeur.
Elles existaient avant vous et existeront après vous.

La sagesse millénaire l’a compris depuis longtemps.
Avec le dharma, vous devenez puissant et libre, contre le dharma, vous serez anéanti.

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Le svadharma, c’est le dharma personnel, unique à chaque être humain.

Le Dharma d’un poisson n’est pas celui d’un oiseau.
Le dharma de Claire n’est pas celui de Jean.

Trop souvent, l’homme a perdu son svadharma, et ne sait plus à quoi il est destiné, quelle est sa vraie place dans l’évolution, mais aussi dans sa propre vie.
Tout le travail va donc consister à différencier ce qui est névrotique et illusoire en nous de ce qui est vraiment nous-même.

Il ne s’agit pas de porter sur votre vie actuelle un jugement de valeur négatif en pensant que votre vie ne peut être réussie parce que jusqu’à présent, vous n’avez pas encore ce sentiment d’accomplissement.
Rien ne peut garantir de quoi sera fait demain.
L’accumulation d’épreuves que vous traversez ou venez de traverser dans votre vie actuelle apparaitra peut-être comme une bénédiction ultérieure.
Il se peut qu’un jour, cela vous fasse porter sur vous même un regard respectueux et reconnaissant vous permettant de dire ; « Oui, j’ai réussi ma vie, elle ne fut pas facile mais je l’ai accomplie ».

Beaucoup de gens aujourd’hui pensent être "maître à bord d’eux-même" par la seule liberté d’expérimentation, nantis de diplômes et de moyens matériels et technologiques.
C’est oublier que nous sommes facilement le produit du monde d’aujourd’hui.

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Accomplir son existence dans ce monde là sans tenir compte des héritages spirituels millénaires des sociétés humaines, avec l’outrecuidance de l’homme contemporain, c’est prendre le grand risque de rater son dharma.
Une existence ne peut être réussie qu’en conformité avec le dharma et jamais en le violant.
Le travail du chercheur spirituel est aussi de reconnaître le dharma et ses lois.
Vous ne pouvez pas rechercher des états modifiés de la conscience, des expériences transcendantales sans cette démarche préalable.
Êtes-vous conforme aux lois de l’univers ou les violez-vous sans cesse ?

Dans le mot Dharma, vous avez la racine « dhar » qui signifie soutenir, maintenir, supporter. Dharma est donc ce qui soutient l’existence.

Le mot Adharma अधर्म, veut dire « privé de dharma ».
Les textes sacrés hindous ont anticipé souvent sur l’avènement d’un monde futur adharma, un monde privé de dharma.
Un monde privé de dharma est un monde où l’être aura de grandes difficultés à s’établir dans l’Ātman आत्मन्, c’est à dire, entrer en contact avec la part absolue et immuable en lui.
Il restera piégé plus encore dans le développement du temps et de la causalité dans une course infinie d’un développement aveugle.

Il suffit de regarder autour de vous.

Savoir qui l’on est, est nécessaire pour accomplir son chemin de vie.
Si vous êtes un lion, vous ne pouvez prétendre à être un aigle ou un pinson. Votre dharma de lion doit être accompli, sans quoi vous ne pourrez jamais vous établir dans votre âme et connaître votre signature vibratoire.
Chacun doit comprendre son svadharma.
Les rêves, les mensonges à vous-même que vous nourrissez dans des comparaisons sans fin depuis si longtemps obstruent la vision de vous-même.

Cherchez la réalisation spirituelle et réussir sa vie profane, voilà deux
démarches apparemment distinctes. Il n’en est rien.

Réussir son existence profane nécessite le déploiement dans le temps du processus de causes et d’effets en accord avec les lois universelles et sa nature manifestée.

Chercher la réalisation spirituelle, c’est suivre un chemin où l’on pratique un certain nombre de disciplines préparatoires à l’éveil.
Mais il ne doit pas y avoir séparation entre votre existence et les pratiques. Toutes se confondent. Vous ne pouvez dissocier les pratiques spirituelles des pratiques de l’existence.

Par contre, ne pensez pas que l’éveil est un processus qui relève de la causalité.
Pour le Vedānta, l’accomplissement est déjà là parce qu’il échappe au temps, à la relativité du devenir.
Ce qui naît doit mourir.
L’état d’éveil spirituel, état de conscience absolue, ne peut subir ce processus. La pleine réalisation de la conscience, de cette réalité qui est déjà là, ne peut obéir au processus d’apparition et de disparition.

Elle est juste non encore découverte par vous.
Allons plus loin encore.
Cette réalité n’est pas en vous.
Elle est Vous !

Hari om Tat Sat
Jaya Yogācārya

Bibliographie :
 " Lumière sur le chemin" de Swami Muktananda aux edts Trédaniel.
 " Tu es Cela" d’Arnaud Desjardins aux edts de la Table Ronde
 " Contemplez ces vérités" de Swami Chidananda aux edts Terre du Ciel.
 Adaptation et commentaire de Jaya yogacarya

©Centre Jaya de Yoga Vedanta Ile de la Réunion

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