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Au plus près...

Conférence du 30 octobre 2024

Au plus près...

S’il nous fallait et si nous le pouvions, pour préserver notre chemin spirituel et yoguique, nous retrouver régulièrement durant des siècles, toujours à la même période pour partager ensemble nos moments de fraternité, nos silences méditatifs, notre feu de Ārtī आरती (purification de l’ego), nos bénédictions, nos réflexions métaphysiques, je n’hésiterais pas à rester fidèle à nos rendez-vous et à nos rituels, quoi qu’il arrive, car j’en connais la valeur. C’est ce que je fais d’ailleurs depuis près de quarante ans.
Le yoga a changé chacun de nous en profondeur.
Pour ma part, nombreux furent ces changements au fil des décennies. Parmi eux, il y a ceux qui m’ont rendue attentive à chaque chose de l’existence et aux autres.

Ainsi donc, si nous vivions plus longtemps, le temps passant et les ères changeant, qu’en serait-il de notre nature humaine ?

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Le futur nous promet-il d’être meilleur ?

Les technologies risquent bien d’évoluer plus vite que notre évolution spirituelle.
L’ancrage à ces rendez-vous hebdomadaires nous permettrait assurément, comme ils nous le permettent à ce jour, ce perpétuel recentrage, ce retour à l’état d’observateur si nécessaire dans ce monde mouvant et en constant changement. Non qu‘il ne faille pas savoir s’adapter à ce changement et rester englué dans la tradition, mais le recentrage permanent développe chez le méditant, cette faculté précieuse de l’attention.
Je doute fort que cette qualité devienne inutile dans le futur.

Plus le monde va vite et évolue, plus cette attention est précieuse.

Beaucoup de nos contemporains sont décentrés et inattentifs et nous en connaissons forcément la cause. Dans ce monde connecté et saturé d’informations et d’outils numériques, non seulement nos jeunes générations sont durement touchées par l’inattention, mais nous pouvons observer que même des personnes ayant des postes à responsabilités et semblant multitâches et opérationnels, ne sont véritablement attentifs tout en nous en donnant l’illusion. Il suffit d’observer leurs comportements.
Ils peuvent être centrés sur leur activité professionnelle et complètement dispersés par ailleurs. Or la véritable attention doit pouvoir s’exercer en toute chose et sans tension.

C’est un état d’être.
L’évolution sur les prochains siècles ne nous garantit pas de faire de nous, nous les humains, des êtres sages, centrés et calmes. Nous n’en avons pas pris la direction.

Dans ce monde où un pourcentage conséquent de l’information est inutile ou fausse, la nécessité de revenir au plus près de soi, au plus profond de soi est le meilleur moyen pour apprendre le discernement et toucher du doigt l’authentique en nous.

Nombreux sont ceux qui se noient dans des océans d’images et de sons divers.
Discernons-nous, regardons-nous, voyons-nous, écoutons-nous, entendons-nous ?

Aujourd’hui par exemple, lorsque vous êtes au musée et que votre oeil posé et attentif est en train d’observer une œuvre pour en apprécier la touche picturale, la texture, le geste, la lumière, de plus en plus de visiteurs passent devant vous et prennent des photos avec leur smartphone et avec flash de préférence.

Alors, devant ces comportements « sauvagement civilisés ! », nous nous écartons, car le musée est parfois devenu l’endroit d’une civilisation en déliquescence et aveugle.
Rêver d’être seul au Louvre, au temple d’Edfou au Taj Mahal est un désir que beaucoup d’entre-nous caressent en secret pour peu que nous soyons esthètes, contemplatifs, sensibles et centrés, ou simplement en quête du sacré.
Tant de magnifiques lieux, censés appartenir au patrimoine de chacun et qu’il nous faut partager avec des hordes de touristes bruyamment grossiers et en surface d’eux-mêmes !

Non, je ne suis pas pour autant élitiste.

Yogis et yoginis savent que dans les grands lieux de la créativité, dans les lieux de l’histoire, dans les temples anciens ou pas, tout comme dans les lieux majestueux naturels, tout est en rapport avec l’énergie, les flux d’énergie et la conscience qu’ils véhiculent. L’état méditatif ou contemplatif peut y être décuplé. La profondeur des choses peut y être atteinte par la perception profonde du témoignage du passé des hommes.

Lorsque nous pouvons être, par exemple, lors de la perception rapprochée et intime d’une toile du Caravage, en totale immersion avec la touche de son pinceau, nous basculons alors dans une machine à remonter le temps. Si la qualité d’attention y devient la même que celle que nous atteignons dans les profondeurs de la pratique yoguique, alors le réel s’ouvre à nos yeux.
Nous arrivons au plus près du peintre et de son intention, de sa marque, de son souffle.

En arrivant au plus près de lui, nous arrivons au plus près de nous-même.

Cette attention qualitative que la pratique développe peut-être un outil dans la perception de beaucoup de situations dans l’existence.

Trop souvent dans l’existence quotidienne, nous sommes affairés en surface par mille préoccupations qui nous éloignent de ce que nous sommes en profondeur, de ce que nous voulons être, ce que nous désirons sentir ou vivre en étant au plus près, au plus juste de nous-même.

Nous acceptons trop souvent de laisser les choses de notre existence aller au gré des désirs ou des choix des autres, des circonstances, comme un pantin qui se balance au grè du hasard ou de la volonté des autres ou de la société.
Rester dans sa propre profondeur, y préserver sa lumière, sa sensibilité et apporter dans chaque instant de la vie, votre être véritable afin qu’il vous suive à chaque moment, à chaque échange avec autrui, fait de vous un observateur de la réalité bienveillant. Il ne s’agit pas là d’imposer aux autres votre seul point de vue, il s’agit d’apprendre à ce que votre état d’être soit compris et respecté.
La réalité peut se révéler alors dans sa puissance et son sens absolu.

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Nous ne sommes pas sur cette terre sans mission.
La vie, notre vie relève du miracle.
Rien de magique en cela, juste un ensemble de tant de paramètres favorables ayant permis notre manifestation. Tous ces paramètres sont si nombreux qu’ils ne peuvent relever du hasard. Ils relèvent d’une intention, peut être simplement celle de la nature à vouloir se manifester. Toute autre conviction d’une intention divine ou autre reste possible et appartient à chacun de nous.
Nous devons faire aussi avec une réalité qui nous est parfois hostile. Même avec nos imperfections, nous restons ce miracle de la vie.

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Être au plus près de soi, c’est ne jamais oublier cela et nous devons savoir profiter pour nous-même de ce miracle que nous sommes.
Savoir profiter de soi-même, c’est ouvrir la porte à la richesse de la vie et de la réalité à qui l’on permet de s’écouler comme un fleuve bienveillant et nourricier.
Être au plus près de soi, c’est se débarrasser des carcans conventionnels de la société
qui nous ont forgés depuis l’enfance.
Tu es ceci, tu n’es pas assez cela ...Tu es beau, tu es laid, tu es trop gros, tu es trop maigre, tu es brillant, tu es minable, etc.
Jetez au feu tous ces jugements…

Soyez conscient de vos imperfections mais n’en faites pas des problèmes ou des obstacles. En les acceptant, vous diminuez leurs impacts négatifs sur votre développement intérieur. Et si ces imperfections peuvent être corrigées, alors faites-le tranquillement et sans obsession.
Car il s’agit bien de cela.
Notre mission, c’est probablement d’optimiser nos potentialités, de réaliser nos objectifs de plénitude de l’existence. Devenir heureux de ce que nous sommes, de ce que nous réalisons, ou de ce que nous sommes devenus.

Pour cela, notre construction intérieure est fondamentale.
La pratique yoguique et méditative y pourvoit en permanence.

Notre clarté intérieure, notre savoir intérieur, notre sérénité intérieure sont plus que nécessaires pour affronter l’existence et ses paradoxes bons ou mauvais.
Se développer intérieurement, c’est se renforcer, c’est construire des piliers solides en soi grâce auxquels aucun ouragan ne vous atteindra.
Ces piliers sont construits patiemment par la pratique yoguique qui nous entraine à l’endurance, au silence, à la maîtrise, à l’observation, à l’écoute, à la perception subtile de l’existence, qui nous entraîne à être au plus près de nous-même.

Depuis des années que nous travaillons ensemble, nous savons combien les pensées et les mots sont créateurs et si d’autant plus ils sont négatifs, ils nous reviennent comme des boomerangs. Transformer nos défauts en avantages pour notre propre bénéfice, permet d’enrichir notre développement intérieur.
Un exemple. Si dans vos relations, vous avez tendance à attendre d’autrui, remplacez tous vos « Donnez-moi » par des « Tenez, prenez », nous dit V. Zeland.

Non seulement cela deviendra une nouvelle façon de vous comporter dans l’existence en vous changeant intérieurement, mais cela vous renverra une réalité différente où vos problèmes accablants habituels disparaîtront comme par magie.

C’est le grand principe de l’équilibre de l’énergie dans le champ informationnel de la réalité.
Ainsi donc, chers amis pratiquants, chers chercheurs spirituels, chers élèves, n’oubliez jamais d’être attentifs, sincères et profonds dans votre pratique. En développant cette aptitude à être au plus près de soi, vous le serez aussi envers chaque chose et chaque être dans l’existence.
Votre regard profond sur le monde vous en révélera sa subtilité et cette dernière se révèlera à son tour dans vos yeux lorsque le monde inattentif vous regardera.
Hari om Tat Sat
Jaya yogacarya

Bibliographie :
 Analyse de Jaya yogacarya
 Tafti, la prêtresse de Vadim Zeland aux edts Exergue

©Centre Jaya de Yoga Vedanta La Réunion
Remerciements à C. Pellorce pour ses corrections

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